Afrique, le narratif positif
L'Afrique veut transformer elle-même ses matières premières en produits compétitifs
- L’Afrique veut des usines, des investissements dans les infrastructures modernes et industries manufacturières à forte création d’emplois formels, et une réelle indépendance, pas d’aide, de conseils, des ODD sans emplois ou de tourisme expert.
- L’Afrique a besoin d’un transfert permanent de procédés et de technologies de fabrication de pointe.Ce n’est qu’ainsi que l’Afrique subsaharienne parviendra à créer 20 millions de nouveaux emplois par an, soit plus que sa croissance démographique et endiguer sa pauvreté.
- D’autre part, l’Afrique offre aux investisseurs un nouveau marché en croissance avec un quart de la population mondiale active totale.
L’Afrique souffre d’une pénurie prononcée d’entreprises de base - dans les secteurs les plus divers - et certainement de PME industrielles manufacturières à forte intensité de main-d’œuvre. La numérisation contribue à accroître la productivité des entreprises et à créer de nouveaux emplois.
Le rapport de la Banque mondiale d’avril 2021 attire l’attention aux pages 55-56-57 sur le fait que sans un nombre élevé d’entreprises traditionnelles, la numérisation ne contribue que marginalement à réduire l’énorme chômage en Afrique subsaharienne.
Le « numérique » en lui-même crée peu d’emplois, d’où le nombre élevé de chômeurs qualifiés numériquement en Afrique.
La crainte est fondée que l’attention large et médiagénique portée à certaines réussites numériques ne soit les arbres qui cachent la forêt d’un chômage énorme. Ils détournent l’attention de la promotion urgente et large des investissements industriels et font même obstacle au développement de « Digital4Development ». Par-dessus tout, l’Afrique a besoin d’investissements industriels manufacturiers à forte intensité de main-d’œuvre.
Travailler dans son propre pays
L’idée de faire appel en Europe à des professionnels africains des TIC pour remédier à des pénuries d’emploi, même temporairement, est critiquable. Au cours des dix dernières années, des délégués de l’initiative « Migration circulaire » avec des années d’expérience internationale dans le domaine des TIC, y compris en Asie, ont eu l’occasion d’interviewer plus de 800 ingénieurs, informaticiens, économistes, juristes et agronomes formés localement dans sept pays subsahariens. Les personnes interviewées, leurs familles, leur société civile et les gouvernements donnent préférence à un emploi dans leur propre pays en transformant localement une grande partie de leurs ressources naturelles en produits compétitifs. Ils veulent réduire la dépendance de la valeur des exportations des leurs matières premières et certainement pas exporter leurs cerveaux. En Asie S-E, ils ont vu que seuls les investissements industriels - à but lucratif - sont en mesure de créer plus d’emplois par an que la croissance démographique. Soixante ans d’aide au développement et quatre mille milliards d’euros n’ont pas réussi à réduire l’asymétrie de bien-être entre l’Afrique et l’occident. Les deux tiers des personnes interviewées ayant un niveau d’éducation élevé n’avaient toujours aucune perspective d’emploi normal cinq ans après l’obtention de leur diplôme en raison d’un manque d’industries agroalimentaires et manufacturières à forte intensité de main-d’œuvre. Un état de pré-radicalisation.
President Nana Akufo-Addo, Ghana, - State visit to Switzerland 28/2/2020
Vous pouvez sans problème rapatrier la part des bénéfices que vous voulez rapatrier’
Marcel Amon-Tanon, Ministre des Affaires Etrangères de la Côte d'Ivoire (2019)
Contrairement au projet de loi de l'UE pour contrôler les conditions de travail dans les chaînes de valeur du cacao, le Ghana et la Côte d’Ivoire ne demandent pas une législation pour contrôler les conditions de travail dans la chaîne du cacao, mais le transfert permanent des connaissances et des technologies de l’industrie manufacturière de pointe.
(“One District One Factory – 1D1F”).
Dans leur message aux industriels européens, eux et leurs collègues du Kenya, de Namibie, du Sénégal, d’Ethiopie ajoutent sans hésitation: ‘vous investissez, vous faites des bénéfices, vous pouvez sans problème rapatrier la part des bénéfices que vous voulez rapatrier’(*).
Les démocraties africaines exigent le respect de leur autonomie et de leur gouvernance pour garantir les droits de l’homme dans « leur » pays indépendant.
Les autorités climatiques poussent à une véritable révolution: « Un mélange de technologies de stockage de l’énergie et du CO2, des systèmes de production alimentaire et des modes de consommation plus durables et une taxe sur le CO2 de 50 à 100 dollars par tonne de CO2 » et ... le rôle de l’Afrique, avec 40% de la population mondiale d’ici 2050, qui aspire à juste titre à la modernité.
Il est à craindre que soixante ans d’aide au développement traditionnelle, 4 000 milliards d’euros, une nouvelle augmentation du pourcentage du PIB pour la coopération au développement et quelques réussites médiatiques de D4D n’apportent pas de réponse au défi climatique mondial pressant.
Sous ce lien un résumé de la contribution globalement optimiste de l’industrialisation moderne de l’Afrique à apprivoiser le réchauffement climatique, les pandémies et les migrations indésirables. Contre-intuitif, mais une véritable révolution dans le récit dominant sur l’Afrique.
La relocalisation et/ou la co-localisation des industries agricoles, alimentaires et manufacturières avancées européennes vers l’Afrique donnent lieu à l’émergence d’une entente géopolitique informelle entre les voisins l’Afrique et l’Europe (avec des liens historico-culturels). Lors de consultations mondiales, ce puissant partenariat géopolitique convainc les dirigeants mondiaux américains et chinois de piloter de véritables bouleversements et des mesures impopulaires nécessaires pour sauver la planète : taxation des émissions de CO2, consommation (viande), reboisement, urbanisation, démographie, etc.
La transformation de grandes parties des matières premières africaines sur place en chaîne courte pour les marchés locaux et adjacents repose sur les sources d’énergie hydro-solaire omniprésentes, éternellement renouvelables et à faible coût. Fini le transport exubérant de matières premières, de produits semi-finis, de produits finis et de voyages de personnes entre l’Afrique, la Chine, l’Europe et retour en Afrique. Fini les émissions massives de CO2 pendant les kilomètres de transport. Le progrès économique de l’Afrique permet d’investir dans des pompes solaires électriques qui empêchent la désertification par l’irrigation, le reboisement et renforcent la biodiversité. La promotion sociale freine automatiquement l’explosion démographique de l’Afrique et l’empreinte écologique associée (plafonnée à 25% de la population mondiale). La concurrence de l’Afrique oblige l’Occident et la Chine à innover à un rythme accéléré, y compris dans des systèmes de stockage de carbone respectueux de l’environnement …... et peut-être dans des centrales nucléaires innovantes, locales et à petite échelle.
(*) ‘Le moteur du développement de la Côte d’Ivoire de demain passera par la transformation des matières premières et passera par les joint-ventures entre européens et ivoiriens. Quand un privé étranger vient en Côte d’Ivoire, grâce au plan national d’investissements, il sait exactement dans quels secteurs d’activités investir pour gagner de l’argent. Nous avons un code d’investissements attractif qui garantit non seulement un retour sur investissement. C-à-d vous investissez, vous faites des bénéfices, vous pouvez sans problème rapatrier la part des bénéfices que vous voulez rapatrier’. (Marcel Amon-Tanon, Ministre des Affaires Etrangères, Côte d'Ivoir, 2019)
(**) 'Ghana no longer wants to be dependent on the production and export of raw materials including cacao beans. We intend to process more cacao in our own country with the aim of producing more chocolate ourselves because we believe that there is no future prosperity for the Ghanese people in the short, medium or long term if we continue to maintain economic structures that are dependent on the production and export of raw materials. We intend to add value to our raw materials, industrialise and enhance agricultural productivity. This is the best way we can put Ghana in the high end of the value chains in the global market place and create jobs for the masses of Ghanaians. It is for this reason that my government continues to put a number of measures in place aimed at attracting investments into Ghana as well as stimulating growth of the private sector….’ (President Nana Akufo-Addo, Ghana, - State visit to Switzerland 28/2/2020)
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