Plusieurs gouvernements occidentaux réduisent les budgets de la coopération au développement: une alternative qui tient compte des besoins réels de lAfrique et de la situation budgétaire précaire des pays européens.

Coopération européenne au développement: un aggiornamento

Face aux caprioles de Trump lEurope a tout avantage à transférer massivement du savoir-faire et des technologies industrielles de pointe vers lAfrique

Des "usines", c’est ce que veut l’Afrique.  L'Afrique en a assez du PNB occidental de 0,7% "Aides & Avis" 

Avec les États-Unis en tête, une série de pays occidentaux réduisent leur coopération au développement. Comme alternative, une proposition qui incite tous les gouvernements européens de donner envie aux entrepreneurs dinvestir dans la transformation locale des matières premières africaines en produits exportables. Cest ce que veut lAfrique. Cependant, les entrepreneurs européens restent profondément convaincus que lAfrique nest pas encore prête pour les industries manufacturières modernes. Les entrepreneurs africains craignent une domination permanente de partenaires plus avancésA lheure des immenses transitions mondiales (climat, démographie, énergie, régionalisation, IA), lEurope peut-elle encore rester aveugle aux opportunités offertes par des partenariats équilibrés avec lAfrique voisine ? 

D’où la suggestion que la Belgique prenne l’initiative en Europe et charge son agence de développement de (1) organiser cinquante soirées de débat dans toute la Belgique en 2025, sur le thème "L’Afrique n’est pas celle que vous croyez", (2) financer cinq doctorants en administration des affaires dans un pays pilote en Afrique qui documentent les réussites de croissance économique impactante dans les pays en développement et les diffusent localement sous le thème "Pourquoi participer aux partenariats de croissance industrielle internationale et comment obtenir des résultats équilibrés gagnant-gagnant".

Une goutte d'eau dans la mer


Why some Africans see opportunity in aid cutsThey want to be more self-reliant”:  “The African Centre for Economic Transformation urges the continent to prioritise growth and transformation by integrating markets and moving beyond the extraction and export of raw materials.” (The Economist 8/3/2025)


Dans "Gambling on Development – Why some countries win and others lose (juillet 2022), un ouvrage de référence sur la coopération au développement, le professeur belge dOxford Stefan Dercon, ancien économiste en chef du ministère britannique du Développement international, documente quaucun pays na pu se développer sans une croissance économique inclusive et limplication des élites locales ayant du pouvoir et de linfluence. Les outsiders (APD, ONG) qui luttent pour les droits de lhomme, la démocratie, les ODD, le genre, les lois sur les soins en chaîne et le renforcement des capacités des micro-entrepreneurs ne parviennent jamais à réduire de manière efficace la mortalité infantile, la pauvreté, le travail des enfants et dautres inégalités. Les progrès dans ces domaines ont été principalement réalisés dans les pays nouvellement industrialisés, et non en Afrique. En effet, chaque année en Afrique, 20 millions de jeunes entrent encore sur le marché du travail sans perspective demploi décent, même des ingénieurs, des économistes, des agronomes et des informaticiens très qualifiés. Selon lAfrique, la coopération au développement a besoin dune mise à jour urgente. (Tout le monde s’accorde sur l’importance de l’aide humanitaire d’urgence).


En juillet 2024, le thinktank Institute for Security Studies South Africa a publié les résultats décevants en Afrique des milliards de coopération au développement "Europe-Afrique" au cours des trente dernières années.

Evolution du revenu par habitant dans le monde(bleu foncé) et en Afrique (bleu clair).
"Alors que le revenu mondial par habitant a augmenté de 75% au cours des 30 dernières années, il na augmenté que de 25% en Afrique."

Le PIB moyen par habitant en Afrique ne représente que 12 % de celui de lUnion européenne, avec un écart de 15 ans dans l’espérance de vie moyenne. Nous nous attendons à ce que ces différences ne diminuent que marginalement au cours des deux prochaines décennies.

Institute for Security Studies South Africa (July 2024)

Source du graphique: MO* magazine 4/9/2024 “Afrika een continent om rekening mee te houden” (un continent avec lequel il faut tenir compte)

Ce graphique documente que la coopération occidentale au développement classique des trente dernières années nétait quune goutte deau dans locéan. Laide de 0,7 % du PIB continue dêtre Kurieren am Symptom. LAfrique ne fabrique toujours presque rien


Un entrepot de matières premières

La cause profonde du retard continu et croissant de l’Afrique par rapport au reste du monde est que le reste du monde, tout comme à l’époque coloniale, continue d’utiliser l’Afrique comme un entrepôt de matières premières et maintenant aussi d’énergie verte et de ressources minérales stratégiques pour le climat pour ajouter de la valeur et des emplois décents chez nous. En collusion avec les élites africaines locales, qui bénéficient également des recettes de l’exportation des matières premières, l’Occident et la Chine refusent toujours de transférer les technologies et les méthodes de production modernes vers l’Afrique. De ce fait, l’Afrique ne fabrique toujours pas de produits et de services exportables.

Une nouvelle classe moyenne instruite, même dans les pays subsahariens les plus fragiles, souhaite que ses ressources minières soient transformées localement en produits exportables afin de créer des millions d’emplois décents et de réduire la pauvreté, les inégalités et les migrations forcées. Cette classe moyenne autonomisée en a assez de l’hypocrite solidarité occidentale de 0,7 % du PIB, des conseils paternalistes ou des ODD cérébraux. Elle est à l’origine de la montée du ressentiment anti-occidental en Afrique. Des emplois, des "usines" et la participation aux chaînes de valeur des PME industrielles avancées, c’est ce que veut cette "autre" Afrique. Fabriquer des produits et des services exportables.

Une omission coupable? 

L'Europe ne connait pas "l'autre" Afrique

Comment se fait-il que les milliers de professionnels et de bénévoles, experts de la coopération au développement, des secteurs public et privé, avec toute leur connaissance du terrain, ne dénoncent jamais linjustice poignante de la collusion des acteurs mondiaux de lindustrie extractive et des élites africaines locales ? Les GO et les ONG continuent dœuvrer en faveur du statu quo et de lapprofondissement des anciens types de coopération au développement. Ils dominent le récit de lAfrique dans les médias grand public. Ils perpétuent et renforcent limage stigmatisante dune Afrique "riche" avec une population "pauvre" et non instruite, qui ne serait pas prête à investir dans les industries agroalimentaires et manufacturières modernes. Quod non. Une omission coupable? 

Remède économique 

Depuis plus dune décennie, The Economist a publié une liste annuelle de quinze ou vingt pays subsahariens avec des institutions assez stables, une classe moyenne instruite importante, des sites industriels développés et des énergies renouvelables abondantes. Des conversations, en 2023 et 2024, en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et en France auprès de plus de 200 investisseurs potentiels en Afrique ou de PME industrielles performantes ont montré que seuls quatre dentre eux étaient capables de citer trois des quinze à vingt pays subsahariens "stables"Conclusion : lEurope ne connaît pas "lautre" Afrique, ni les opportunités de croissance quoffre lAfrique !

Message au Ministre belge de la Coopération au Développement

Changement général des mentalités en Europe et en Afrique

Les gouvernements de l’UE doivent uniquement promouvoir "l'autre" Afrique. C’est tout!
D'ou la suggestion que le ministre belge de la Coopération au Développement prenne l'initiative en Europe et réponde d’urgence à la demande de l’Afrique d’investir dans des "usines" (le transfert vers l’Afrique de processus commerciaux et de technologies avancés) et charge son agence de développement ENABEL des actions suivantes:

En Belgique.ENABEL met à disposition dix de ses deux mille (?!) collaborateurs pour une durée dun an afin dorganiser une cinquantaine de soirées-débats dans les hôtels de ville ou centres culturels dans toute la Belgique en 2025 sur le thème : "LAfrique nest pas ce que vous croyez".

  • Lobjectif : changer la mentalité du grand public, des décideurs, des universitaires et des entrepreneurs; donner envie aux entrepreneurs dinvestir en Afrique.
  • Résultat attendu : une cinquantaine d’entrepreneurs belges établis, dont des PME qui font appel à leur propre financement ou celui de leur institution financière concluent des partenariats industriels avec des homologues africains (issus des secteurs économiques les plus divers) ou investissent en Afrique dans léconomie productive.

Au Sénégal (pays pilote pour l'Afrique)

ENABEL finance une équipe de cinq doctorants en gestion d' entreprises ou en sciences industrielles pour une durée d’un an. Ils étudient les chaînes de valeur industrielles gagnant-gagnant des pays émergents et des petits pays et adaptent ces réussites à la réalité sénégalaise. Ils évoluent pour devenir de futurs animateurs de partenariats avec des PME industrielles internationales. En contrepartie, la Belgique attend du gouvernement sénégalais qu’il organise une trentaine de campagnes de sensibilisation à destination du grand public et des PME sur l’ensemble du territoire sénégalais. Thème : "Pourquoi participer à des partenariats industriels internationaux et comment obtenir des résultats équilibrés gagnant-gagnant.

Coût.Étant donné qu’une fraction du personnel existant budgétisé d’ENABEL est utilisée, le coût d’une telle campagne desensibilisation «pro-Afrique» peut être limité à une fraction du budget actuel de la coopération au développement.Même si les résultats escomptés ne sont pasatteints, les pertes pour les contribuables resteront extrêmement limitées. Le budget d l’aide humanitaire d’urgence n’en sera pas affecté.

Message au Ministre belge des Affaires Etrangères et Européennes

Dans vingt ans, lEurope ne comptera plus que 8% de la population mondiale et représentera à peine 1% du potentiel mondial de production dhydrogène vert. LAfrique représentera alors 25% de la population mondiale et pourra se targuer de 35% du potentiel mondial de production dH2 vert à 2 /kg. LAfrique a le potentiel de produire de lélectricité verte à un cinquième du coût de lélectricité nucléaire grise.

Sera-t-il possible déviter que des industries européennes énergivores (acier, pétrochimie, verre, aluminium, ciment, engrais, etc.) ne se délocalisent tôt ou tard vers lAfrique dotée dune électricité verte abondante ? 

En réponse aux caprioles de Trump sur le commerce international la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé lEurope à rechercher de nouveaux partenariats avec lAmérique du Sud et lInde. Le ministre belge des Affaires étrangères suggère à ses collègues européens de transférer massivement des connaissances et des technologies industrielles de pointe vers l'Afrique? Un voisin avec des liens culturels historiques qui rêve du modèle de société dEurope occidentale quil connaît bien. Ceci enfin de forger un bloc jumeau "Afrique-Europe"? Un bloc géopolitique puissant qui résiste à Trump, XI et Poutine sur les défis qui se posent ces jours-ci (climat, biodiversité, démondialisation, énergie, migration, ...).

En savoir plus

Des emplois, c’est ce qui préoccupe l’Afrique - Agenda Stratégique Europa-Afrique 2025: repenser la politique -  Et si la Chine investissait dans GRAND INGA au Congo? - L’Europe a plus besoin de l’Afrique que l'envers - L’industrialisation de l’Afrique en quatre phases Le projet hydroélectrique GRAND INGA RD Congo = 35 réacteurs électronucléaires - Mille partenariats PME UA-UE stimulent l’industrialisation de l’Afrique et sauvent la planète entière - Tous les ambassadeurs africains font la promotion de l’ensemble de l’Afrique

 

(*) The Economist Democracy Index 2023 Sub-Saharan Africa (Ranking Feb 15 2024): 1. Mauritius, 2. Botswana, 3. Cabo Verde, 4. South Africa, 5. Namibia, 6. Ghana, 7. Lesotho, 8. Malawi, 9. Zambia, 10. Liberia, 11. Senegal, 12. Tanzania, 13. Madagascar, 14. Kenya, 15. Benin, 16. Uganda, 17. Gambia, 18. Sierra Leone, 19. Nigeria, 20. Côte d’Ivoire, 21. Angola, 22. Mauritania.

25/3/2025

Karel.Uyttendaele {@} pandora.be  

  • 2009-2024 Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal. - 900+ interviews with locally qualified engineers, economists and agronomists - 150+ introductions to discussion sessions 'The industrialisation of Africa'

  • 2004-2005 Belgium : Head of Staff State Secretary ICT - 1997-2004 Agoria Technology Federation - 1990-1996 Hewlett-Packard SE-Asia - 1968-1989 Hewlett-Packard Europe

Economie Circulaire du Savoir-Faire Afrique-Europe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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