Imaginer le(s) futur(s) alternatif(s) de la coopération belge au développement

VUB Vrije Universiteit Brussel 24/3/2023 

La coopération belge au développement balaie devant sa porte dans un rapport de la VUB : paternalisme et intérêt personnel

L'approche "soft": l’industrialisation moderne de l’Afrique

L’Afrique, moteur de son propre avenir, relève les défis mondiaux de manière collaborative avec l’Europe.


RESUME

 

 

How Africans could win it

Un plaidoyer pour opter pour la première des trois approches finales du rapport VUB/DGD : l’approche "soft" de l’industrialisation manufacturière moderne de l’Afrique. Sans procéder à des changements systémiques à l’avance, les investissements privés étrangers et les partenariats UA-UE entre PME industrielles établies réalisent le développement de l’Afrique.

Ils créent chaque année dix millions d’emplois décents et déclenchent des changements systémiques: renforcement des capacités, participation, inclusion et processus démocratiques. La pauvreté, les inégalités, le travail des enfants, l’inégalité des genres, la corruption et le manque de gouvernance ne sont que des symptômes d’un manque de croissance économique inclusive et durable.

Vue de l’Europe avec l’Afrique à l’esprit, la conclusion du rapport de la VUB se traduit comme suit: "Les acteurs des pays africains doivent déterminer leur propre avenir et les pays industrialisées doivent se joindre à eux pour innover afin de relever des défis mondiaux."  (Climat - Pandémies - Energie - Guerre en Europe - Vieillissement des pays industrialisés - Démographie Afrique).

Les entretiens menés au cours de la dernière décennie dans sept pays subsahariens auprès de plus de 900 jeunes professionnels hautement qualifiés, formés localement, ont démontré leur niveau de connaissances plus que décent et leur motivation exprimée à contribuer au développement socio-économique de leur pays. À tort ou à raison, eux et leurs familles optent pour l’approche "soft" documentée dans le rapport de la VUB comme "fondée sur une forte croyance en la modernité, la croissance économique et le progrès qui peuvent être réalisés avec l'industrialisation, la science et la technologie." Le modèle européen d’une société industrialisée socialement corrigée est ce qu’ils veulent aussi introduire en Afrique. Ils croient avoir leur voix au chapitre dans la transition climatique actuelle. L’Afrique est dotée d’abondantes sources d’énergie renouvelables, de vastes ressources minérales, des terres agricoles du monde, du deuxième poumon vert et du marché futur. (Afrique 2050: 25% de la population mondiale, Europe : 7%).

L’Afrique dénonce la dualité de l’Europe. D’une part ses appels à la "solidarité",  et d’autre part le fait que cette même Europe – imposant des contrats léonins – continue d’acheter des matières premières africaines pour créer des emplois et de la richesse en Europe, perpétuant ainsi que 80% de sa population est privée d’emplois décents.

L’Afrique veut transformer localement ses ressources naturelles en produits exportables et ainsi créer plus d’emplois chaque année que sa croissance démographique et prévenir les migrations forcées. Une Afrique instruite est consciente d’avoir les connaissances théoriques nécessaires, mais souffre d’un manque d’expérience pratique avec des processus de fabrication complexes.

Par conséquent, sa recherche d’investisseurs étrangers directs et de partenariats "gagnant-gagnant" avec des PME industrielles internationales établies.


EN SAVOIR PLUS


"Il faudra construire de nouvelles façons d'être en relation avec les autres et à la nature pour relever les défis mondiaux de manière collaborative. Nous espérons que la DGD poursuivra les conversations déjà entamées avec les ONG belges mais les élargiront et approfondiront ce travail avec les différents acteurs des pays partenaires, leur permettant d'être les moteurs de leur propre avenir."   

 (Etude VUB p 45, dernier alinéa)


Le développement socio-économique souhaité par l’Afrique

L’étude de la VUB recommande que la Direction générale de la coopération au développement de la Belgique laisse les pays partenaires être le moteur de leur propre avenir. Ici, le point de vue dominant de plus de 900 représentants habilités de la société civile dans sept pays subsahariens (ingénieurs, économistes, agronomes, informaticiens formés localement) et soutenus par les autorités de la plupart des pays africains. Ils croient qu’ils peuvent prendre le volant de leur avenir en forgeant des partenariats transfrontaliers “gagnant-gagnant” avec des entrepreneurs manufacturiers expérimentés.

L’abondance des énergies renouvelables offre à l’Afrique la possibilité de réaliser un développement socio-économique, copié sur le modèle européen, tout en respectant la biodiversité et en limitant le réchauffement climatique à 1,5°C.

“Des emplois & la modernité & la totale indépendance” c’est ce qui préoccupe l’Afrique, et non la “solidarité” et les “ODD” paternalistes ou les “réparations”.

Colonialisme, paternalisme, intérêt personnel

Ou pour le dire autrement: "Les acteurs des pays africains doivent déterminer leur propre avenir et les pays industrialisées doivent se joindre à eux pour innover afin de relever des défis mondiaux".

Les participants à l’étude de la VUB estiment que le système belge de coopération au développement souffre d’une connaissance insuffisante du contexte socio-économique, politique et écologique local de ses pays cibles. Cela se traduit par des actions visant à soulager les symptômes et non les causes.  Les 70 participants belges à l’étude avaient-ils déjà compris que (1) même les pays subsahariens les plus fragiles peuvent se vanter d’une classe moyenne instruite et autonome, consciente d’être aux commandes de leur futur et pouvant choisir entre l’Est et l’Ouest ? - (2) que l’Afrique veut créer 10 millions d’emplois “formels" chaque année et se préoccupe donc des “emplois", et non de la décolonisation, de la solidarité, des droits de l’homme, de la gouvernance ou des ODD ? – et (3) que malgré soixante ans d’aide au développement, plus de quatre-vingt pour cent de la population africaine est toujours privée de droits sociaux ?


L'approche "soft", fondée sur une forte croyance en la modernité, la croissance économique et le progrès qui peuvent être réalisés avec l'industrialisation, la science et la technologie

(Etude VUB, p 43, premier paragraphe)  


L’industrialisation moderne de l’Afrique sauve la planète entière

Les représentants habilités de la société civile africaine optent avec la priorité la plus importante et la plus urgente pour ce que le rapport mentionne comme l’approche "soft" et leur industrialisation moderne. Seule la transformation locale des ressources naturelles africaines en produits exportables créera 10 millions d’emplois formels par an et éliminera structurellement les causes profondes de la pauvreté et de la migration forcée. Pour atteindre cet objectif, ils invitent des industriels étrangers expérimentés à but lucratif – et non des contribuables des pays industrialisés – à investir en Afrique et à apprendre les uns des autres. L’Afrique a les matières premières, l’énergie verte et le marché. L’Europe a – pour l’instant – une longueur d’avance avec une expérience dans la fabrication avancée. Ainsi, l’Afrique peut réaliser son développement par le renforcement des capacités, la participation, l’inclusion et les processus démocratiques. En outre, ils espèrent que l’exemple de la coopération industrielle UA-UE d’intérêt mutuel, facilité par l’énergie verte abondante africaine, peut même sauver la planète entière.

L’action au centre

 

Contrairement aux craintes de certains participants à l’étude, c’est une importante classe moyenne africaine  hautement qualifiée, une “autre" Afrique, qui sera aux commandes.

Elle juge que l’industrialisation de son continent est possible et urgente.

Elle veut agir rapidement en favorisant les partenariats entre les PME industrielles établies d’Afrique et d’Europe. (L’industrialisation de l’Afrique en quatre phases).

Elle croit en l’importance d’un “métissage"  de compétences: le partage des capacités, sauter dans des eaux inexplorées et l’apprentissage mutuel.


Cette “autre" Afrique dit:

‘Europe, commerçons ensemble. Nous, en Afrique, sommes sollicités par le monde entier pour nos matières premières, plus récemment aussi pour nos métaux climato-stratégiques rares et pour nos abondantes énergies vertes. Nous sommes le futur nouveau marché de croissance avec 25% de la population mondiale d’ici 2050. Pour l’instant, l’Europe a une longueur d’avance avec la pratique des processus manufacturières avancées. Dans le passé, l’Europe nous a fait du tort en nous imposant des contrats léonins pour acheter nos ressources naturelles et les transformer en Europe. Nous remarquons qu’une nouvelle génération progressiste émerge en Europe qui reconnaît que seul un "new deal" avec l’Afrique peut assurer son avenir par la coopération entre égaux et par l’intérêt mutuel bien compris. 

Nous voulons que nos matières premières, avec l’aide de l’expérience et des technologies européennes, soient transformées localement en produits exportables. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons créer chaque année plus d’emplois décents que notre croissance démographique et réduire la pauvreté et la migration forcée.  Facilitée par notre abondante énergie solaire et hydroélectrique verte et grâce à la fabrication dans la chaine courte la planète entière y gagne. Vos actionnaires doivent également en profiter. C’est pourquoi nous les aidons, s’ils le souhaitent, à rapatrier une partie des bénéfices réalisés. Nous vivons à 14 km les uns des autres, nous parlons les mêmes langues et nous nous connaissons depuis plus de cent ans. Cela facilite les négociations gagnant-gagnant entre égaux.’


Des atouts uniques de l’Afrique

 

 

GRAND INGA (RD Congo) = 44  réacteurs électo-nucleaires

Dès 2035, l’Afrique peut se vanter d’autant de personnes hautement instruites (f/m) - dans la force de l’âge - que la Chine, sur plus de 50% de la capacité mondiale de production solaire, sur 35% de la capacité de production mondiale d’hydrogène "vert", sur 60% des terres arables du monde, sur le deuxième poumon du monde, sur des démocraties émergeantes et des matières premières climato-stratégiques. A l’achèvement du GRAND INGA (RD Congo), ce projet hydroélectrique produira autant d’électricité "verte" que 44 réacteurs électronucléaires (autant que la France entière), sans déchets nucléaires ni coûts de démantèlement.

Afrique 2050: 25% population mondiale (Europe 7%).

"Effet" ou "cause"

La corruption, les inégalités, les migrations forcées, le déficit de gouvernance sont une conséquence de l’absence de croissance économique inclusive et durable, et non sa cause. C’est ce qu’écrit le professeur belge d’Oxford Stefan Derkon dans Gambling on Development. À ce jour, l’Afrique ne fabrique pratiquement rien, certainement pas de produits exportables. La seule chose qui manque à son immense classe moyenne instruite, est la pratique des processus et des technologies manufacturières modernes. Afin d’acquérir cette compétence, les gouvernements africains, comme tous les autres pays du monde, cherchent à attirer des investisseurs privés étrangers avérés. Uniquement une immersion à long terme dans les pratiques des entreprises internationales avancées a un effet. L’accompagnement temporaire d’experts étrangers ou des start-ups dans des incubateurs d’entreprises ne l’est pas. Même l’UE fait appel à des entrepreneurs à but lucratif pour investir 85% des 150 milliards d’euros pour la réalisation du volet africain de sa fameuse stratégie “Global Gateway".

“Europe dégage!”

A l’heure de la polycrise actuelle "Climat – Energie – Guerre en Europe – Vieillissement de l’Occident – Explosion démographique Afrique", une importante société civile africaine instruite (1) est consciente de ses atouts mais (2) aussi de la nécessité d’apprendre des pays industrialisés.

Une partie non négligeable de la jeunesse africaine va au-delà de la vision pragmatique mentionnée ci-dessus de 900 ingénieurs et agronomes hautement qualifiés. “Europe dégage!”, c’est ce qu’ils écrivent sur les murs des capitales africaines.

L’Europe paternaliste devrait être consciente que la moitié des pays africains n’ont PAS signé la motion de l’ONU condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Cette nouvelle Afrique, dotée d’un franc-parler fort, est consciente qu’elle peut choisir entre l’Orient et l’Occident.

9/4/2023 karel.uyttendaele {@} pandora.be

 

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