L’Europe a plus besoin de l’Afrique que vice-versa
- Alors que l’horreur climatique provoque un réveil brutal au monde entier avec des catastrophes sans précédent en Libye, des vagues de chaleur, des incendies de forêt et des inondations également en Europe et aux États-Unis et à l’heure des coups d’État militaires au Sahel et au Gabon, de l’anti-occidentalisme dans plusieurs pays africains, quelques réflexions "positives" sur les relations Afrique-Europe, sur l’accélération des partenariats internationaux de PME industrielles et sur l’urgence - et la faisabilité - de l’industrialisation manufacturière moderne de l’Afrique.
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Il est évident qu’aujourd’hui, l’Europe fournit une aide humanitaire urgente et massive au Maroc et à la Libye. Néanmoins, l’Europe bénéficiera grandement du fait que l’Afrique voisine, qui représentera bientôt un quart de la population mondiale, génère d’urgence “des emplois décents” à dix millions de ses jeunes qui y entrent chaque année sur le marché du travail. Ceci grâce à la transformation locale de ses matières premières. L’Afrique y endiguera ainsi la pauvreté, les inégalités, les conflits et les migrations forcées. (19/9/2023)
“L’autre” Afrique : son dividende démographique instruit, ses abondantes énergies renouvelables
L’Europe doit arrêter de faire appel à l’Afrique comme entrepôt de matières premières – aussi climato-stratégiques – et d’hydrogène vert ou pour pourvoir des postes vacants en Europe. L’Europe a géopolitiquement besoin de l’Afrique pour prévenir l’ensemble des fléaux du réchauffement climatique et de la migration forcée, pour un aggiornamento de son propre industrie énergivore du siècle passé, mais surtout pour son énorme marché de croissance future. L'Europe doit "mériter" son partenariat, ne pas grâce à une “Palace-diplomacy" chinoise ou une “Kalachnikov-diplomacy” russe, mais avec une “diplomatie manufacturière” européenne
Au Gabon aussi, tous les parents sont conscients de la valeur de l’éducation. Tantes et oncles se réunissent pour offrir une éducation supérieure à certains des plus doués de l’ensemble de leurs douzaines d’enfants. Leur frustration est grande lorsque de jeunes ingénieurs, économistes, agronomes et informaticiens sont toujours à la recherche d’un emploi décent trois ans après l’obtention de leur maîtrise, décernée par des professeurs titulaires d’un doctorat occidental. Ce sont eux, représentants d’une importante classe moyenne instruite, qui expriment leur ressentiment anti-occidental et soutiennent les coups d’État militaires ou sont même ouverts aux leurres d’extrêmes idéologues.
Contrats léonins
Une classe moyenne africaine nombreuse, instruite et responsabilisée en a assez de l’Europe hypocrite qui la sermonne avec condescendance sur les droits de l’homme, la démocratie et les ODD, mais continue en même temps à faire acquisition des matières premières africaines, et maintenant aussi de l’hydrogène vert, avec des clauses léonines "conformes au marché" pour créer de la richesse et des emplois en Europe et empêcher ainsi l’Afrique d’acquérir une expérience pratique d’une industrialisation avancée à forte intensité de main-d’œuvre
Dix millions d’emplois décents
Cette Afrique dit à l’Europe: "Nous disposons d’une énorme classe moyenne instruite, des matières premières, aussi les matières climato-stratégiques, de 50% de toutes les énergies renouvelables, des terres arables du monde, du futur marché - 25% de la population mondiale - et de 15 à 20 pays subsahariens avec des institutions assez stables et des sites industriels accessibles. Pour l’instant, l’Europe a l’expérience des chaînes de valeur industrielles internationales modernes et complexes. Discutons comment, dans l’intérêt mutuel, transformer nos matières premières en produits exportables, créer dix millions d’emplois formels chaque année, prévenir les inégalités, les conflits, les migrations forcées et le réchauffement climatique, et stimuler un marché énorme en Afrique, aussi pour des produits et services européens innovants à haute valeur ajoutée. Nous nous connaissons et nous nous comprenons. Travaillons d’urgence ensemble."
L’Afrique en est consciente que seule sa participation aux chaînes de valeur internationales lui permettra de maitriser la pratique des processus et technologies industriels modernes et ultra-complexes et de prendre dans le futur le rôle d’orchestrateur des partenariats industriels internationaux.
C’est pourquoi l’Afrique, comme tous les pays développés, demande des partenariats industriels manufacturiers internationaux et des investissements directs étrangers. Cette Afrique n’a aucun problème à ce que, si désirée, une partie des bénéfices réalisés en Afrique soit rapatriée à des actionnaires étrangers.
Le changement des mentalités, aussi bien en Afrique qu'en Europe
L’Europe ne connaît pas "l’autre" Afrique
Des entretiens menés au cours de l’année écoulée avec plus de deux cents industriels, professionnels du développement, universitaires et dirigeants politiques en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et en France ont montré que seuls quatre d’entre eux étaient capables de citer trois des vingt pays subsahariens assez "stables" – sur les 54 - documentés chaque année par The Economist(*).
En effet, il y a encore beaucoup de corruption et de misère en Afrique. Cependant, le récit stigmatisant de l’aide postcoloniale sur l’Afrique domine les médias grand public et donne l’impression que "toute" l’Afrique n’est pas encore prête pour une industrialisation moderne. Quod non. L’Europe ne connaît pas "l’autre" Afrique !
Les gouvernements UE n’ont qu’à faire de la publicité pour l’Afrique, c’est tout!
Il y a une chance réelle qu’une simple activité de sensibilisation grand public des opportunités offertes dans quinze pays subsahariens dotés d’institutions assez stables, d’une large classe moyenne instruite et d’une énergie renouvelable abondante, des investisseurs manufacturiers jettent les bases de la création de dix millions d’emplois par an et mettent fin aux frustrations, aux prises de pouvoir militaires et aux migrations forcées.
Au sujet des politiques industrielles et les subventions, The Economist du 13/7/2023 conseille à l’Europe de ne pas copier la loi américaine de réduction de l’inflation de Biden car elle nuirait à l’économie mondiale. "Gaspillage de l’argent des contribuables" en dit The Economist.
Effets secondaires
- Géopolitique
- En 2050, l’Europe ne comptera plus que 7% de la population mondiale, l’Afrique 25%.
- Des partenariats industriels massifs entre l’UA et l’UE créent une puissante entente géopolitique entre voisins ayant des liens culturels et historiques.
- Cette entente est capable de dominer des consultations mondiales sur des questions importantes telles que le climat, l’énergie, les changements de comportement humain nécessaires et les conflits internationaux.
- Le plus grand marché de libre-échange au monde. L’industrialisation moderne de l’Afrique jette les bases de la création de la ZLECAf, le plus grand marché de libre-échange au monde avec 25% de la population mondiale totale.
- L’industrialisation moderne de l’Afrique sauve toute la planète. Le transfert permanent vers l’Afrique de l’expérience industrielle avancée européenne rend d’autres continents désireux de suivre l’exemple brillant UE-UA de la transformation locale des matières premières dans la chaîne courte respectueuse du climat basée sur des compétences mondiales et de protéger ainsi toute la planète d’un réchauffement climatique supérieur à 1,5 °C.
Aggiornamento industriel européen
Plutôt tôt que tard, des actionnaires d’industries de base énergivores de moyenne technologie européennes telles que l’acier, la pétrochimie, l’aluminium, les engrais, le ciment, la céramique et le verre, déplaceront leurs activités dans des régions où l’électricité verte et l’hydrogène sont abondants. Ils s’attendent à ce qu’en annonçant leur délocalisation sans émissions CO2 en Afrique, la valeur de leurs actions en bourse explose, en particulier lorsqu’ils y jetteront simultanément les bases de l’industrialisation manufacturière moderne de toute l’Afrique et du plus grand marché de libre-échange du monde. La perte d’emplois dans les industries énergivores européennes obligera l’Europe à accélérer l’innovation dans les secteurs de haute technologie et respectueux du climat. Ceci surcompensera les emplois perdus dans les industries énergivores du siècle passé.
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(*) The Economist Democracy Index 2022 Sub-Sahara Africa (Ranking Feb 1th 2023) 1. Mauritius; 2. Botswana; 3. Cabo Verde; 4. South Africa; 5. Namibia; 6. Ghana; 7. Lesotho; 8. Malawi; 9. Madagascar; 10. Senegal; 11. Zambia; 12. Liberia; 13. Tanzania; 14. Kenya; 15. Sierra Leone; 16. Uganda; 17. The Gambia; 18. Côte d’Ivoire; 19. Benin; 20. Nigeria.
19/9/2023 - karel.uyttendaele{@}pandora.be
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