Le métissage du savoir-faire industriel entre l'Afrique et l'Europe
La mobilisation des entrepreneurs et de la diaspora
Ce document analyse le retard socio-économique de l'Afrique, en soulignant le rôle central de la malédiction des ressources naturelles, l'absence d'industrialisation productive et la méconnaissance européenne du potentiel africain. Il propose une solution innovante basée sur la création de partenariats directs entre PME africaines et européennes pour favoriser des transferts de compétences concrets, accélérer l'intégration de l'Afrique dans les chaînes de valeur mondiales et stimuler l'industrialisation du continent. Malgré l'échec relatif de la coopération occidentale, l'accent est mis sur la mobilisation des entrepreneurs et de la diaspora, la sensibilisation en Europe, et la constitution d'une masse critique d'initiatives pour générer des dynamiques économiques nouvelles et durables.
Soutenue par son dividende démographique instruit, “toute” l'Afrique souhaite que sa richesse minérale soit transformée localement en produits finis/semi-finis et services exportables.
“Juste au-dessus de la Méditerranée se trouve le continent du futur : l'AFRIQUE."
"Les PDG européens qui n'ont pas de stratégie pour l'Afrique aujourd'hui doivent se demander ce qu'ils feront dans dix ans.”
Alexander Saverys, CEO CMB.TECH - Assemblée annuelle 7/11/2025 “Agoria Vlaanderen”
La fédération des industries technologiques flamandes de Belgique
Constats et limites des approches traditionnelles
L'expérience des initiatives belges et allemandes en matière de migration circulaire pour les jeunes professionnels africains montre les faiblesses de l'engagement des entreprises européennes. Les modèles existants, qui requièrent souvent des investissements initiaux importants, n'ont pas permis d'obtenir des résultats satisfaisants, en dépit de trois décennies d'efforts de coopération au développement visant à renforcer les capacités africaines. Les résultats demeurent globalement décevants et appellent à une nouvelle approche pour créer une véritable dynamique industrielle en Afrique.
Vers une nouvelle approche fondée sur les partenariats PME
Face à ces constats, une solution innovante est proposée : la création à grande échelle de partenariats directs entre les PME européennes, confrontées à une concurrence internationale intense, et les PME africaines. Cette approche vise à favoriser un échange réciproque de compétences et de savoir-faire, sans nécessiter de lourds investissements. L'objectif est de bâtir une masse critique de collaborations, indispensable à la modernisation industrielle de l'Afrique. Des actions concrètes sont ainsi suggérées tant en Belgique, qu'en Europe et en Afrique.
Le Monde en 2026: la polycrise
- la transition climatique;
- la biodiversité en péril;
- le coût de l'énergie verte ;
- la complexité des chaines de valeur industrielles;
- guerres en Europe et en Afrique;,
- la rivalité États-Unis/Chine;
- le vieillissement des populations en Europe et en Chine;
- le déficit de croissance économique en Europe;
- une Europe géopolitiquement faible;
- l’explosion démographique en Afrique;
- chaque année 20 millions de jeunes africains entrent sur le marché du travail;
- l’asymétrie toujours croissante du bien-être entre les citoyens africains et non africains;
- les migrations forcées d'Afrique vers l'Europe; …
L’Afrique 2026: la POLY-OPPORTUNITE
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60+ ans d'indépendance; (??)
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50+ ans de coopération au développement occidentale; (€ 3.000 milliards) (??)
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30+ ans de partenariats chinois et russes; (??)
- la plus grande et la plus jeune classe moyenne instruite du monde;
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40% du potentiel mondial de production d'énergie verte ;
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le potentiel de production énergivore massif de biens de base (sidérurgie, pétrochimie) sans émissions de CO2;
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une abondance de matières premières stratégiques pour le climat;
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60 % des terres arables mondiales ;
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le deuxième poumon vert du monde ;
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le plus grand marché de libre-échange en cours de construction ;
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... la courte distance culturelle avec l'Europe (?), …
Les causes profondes du retard africain et l’enjeu de l’industrialisation
Le retard socio-économique de l’Afrique s’explique par la malédiction de ses ressources naturelles, l’absence d’une industrialisation productive et une méconnaissance de l’« autre Afrique » par l’Europe, notamment de sa classe moyenne instruite. Aujourd’hui, forte de son dividende démographique, l’Afrique aspire à transformer localement ses richesses minérales en produits finis ou semi-finis et en services exportables.
Actions concrètes à engager
Dès 2026, cent entrepreneurs belges établis, opérant à but lucratif et mobilisant leurs propres fonds, sont incités à rechercher des partenariats industriels avec des homologues africains. Parallèlement, toutes les associations de la diaspora africaine en Europe sont invitées à promouvoir l’ensemble du continent africain auprès de l’Union européenne et de ses citoyens. L’objectif affiché est d’impulser la création de mille partenariats entre PME africaines et européennes, pour stimuler l’industrialisation de l’Afrique et contribuer à la préservation de la planète entière.
L’échec relatif de la coopération au développement occidentale
En dépit des 3 000 milliards d’euros investis en Afrique au cours des trente dernières années par l’aide publique au développement occidentale, auxquels s’ajoutent les investissements chinois et russes, l’écart de bien-être entre les Africains et le reste du monde se creuse. Le revenu par habitant en Afrique n’a augmenté que de 25 % en trente ans, contre 75 % dans le reste du monde. Le PIB moyen par habitant en Afrique ne représente que 12 % de celui de l’Union européenne, et l’espérance de vie y accuse un retard de quinze ans.
Institute for Security Studies South Africa (juillet 2024)
Source du graphique: MO* magazine 4/9/2024 "L'Afrique, un continent à prendre en compte"
La malédiction des matières premières et la faible industrialisation
L’Afrique, qui concentre 16,3 % de la population mondiale, ne représente que 2,9 % de la production mondiale et 2,6 % du commerce mondial. Cette situation découle de sa forte dépendance aux matières premières et de la faiblesse de ses réseaux de production régionaux. L’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), signé en 2018, vise à renforcer l’intégration et à bâtir une Afrique prospère et unie. Historiquement, l’industrialisation occidentale s’est appuyée sur l’exploitation des ressources africaines, d’abord par la traite des esclaves, puis par la colonisation, et enfin par le maintien, après l’indépendance, d’un système où l’Afrique vend ses ressources à des prix fixés par l’Occident et la Chine. Dans le contexte actuel de mondialisation, l’Afrique ne pourra surmonter seule son retard et a besoin de partenariats internationaux d’intérêt mutuel pour participer pleinement aux chaînes de valeur industrielles et, progressivement, en prendre la maîtrise.
Le défi de l’emploi des jeunes diplômés
Des enquêtes menées auprès de plus de 900 jeunes professionnels qualifiés (ingénieurs, économistes, agronomes, informaticiens, ...) dans sept pays d’Afrique subsaharienne montrent qu’après trois ans, deux tiers d’entre eux cherchent encore un emploi décent.
Ce « paradoxe de l’abondance » s’explique par la faiblesse de l’économie productive et la quasi-absence de produits et services exportables créés localement.
Les exportations européennes vers l'Afrique et la méconnaissance des potentiels africains
Au cours de la dernière décennie, les exportations européennes vers l’Afrique restent faibles et en déclin depuis 2022, en partie du fait du pouvoir d’achat limité de la classe moyenne africaine.
Un frein majeur au métissage industriel entre PME africaines et européennes réside dans la méconnaissance, côté européen, des atouts et potentiels africains.
Il convient donc d’organiser, à travers l’Europe, de vastes campagnes de sensibilisation sur le thème « L’Afrique n’est pas celle que vous croyez » pour changer les mentalités.
Les défis africains face aux chaînes de valeur mondiales
La complexité actuelle des chaînes de valeur mondiales limite l’intégration des PME africaines, peu nombreuses à produire des biens exportables. L’exemple d’Apple, incapable en 2025 de transférer la production de l’iPhone 17 de Chine en Inde, illustre cette difficulté. L’acquisition du savoir-faire industriel ne passe pas uniquement par l’enseignement académique ou l’accompagnement institutionnel, mais bien par une immersion pratique et une expérience de terrain dans les chaînes mondiales. Une intégration rapide et massive des PME africaines dans ces chaînes est essentielle pour leur permettre d’apprendre, de créer de la valeur, de choisir leurs partenaires et de se renforcer comme leaders sectoriels.
L’effet de masse critique et la dynamique de la sérendipité
La constitution d’une masse critique d'échanges de savoir-faire entre deux continents, à courte distance culturelle, dans tous les secteurs économiques, est indispensable.
Ce métissage stimule la sérendipité, cette capacité à faire des découvertes fructueuses de façon inattendue, et favorise la création de nouveaux secteurs prometteurs, ce qui serait impossible dans le cadre limité des pépinières d’entreprises traditionnelles et des pratiques classiques du renforcement des capacités.
Le rôle renouvelé des agences publiques de développement
L’Afrique réclame un transfert massif et durable de technologies et de procédés industriels avancés, condition sine qua non pour la création d’emplois décents pour les millions de jeunes arrivant chaque année sur le marché du travail. Seuls des entrepreneurs expérimentés et motivés par le profit sont en mesure de répondre à ce défi. Les agences publiques de développement (APD), en revanche, n’ont ni l’expérience ni la connaissance de terrain nécessaires. Leurs actions, bien que médiatisées et bien intentionnées, contribuent parfois à renforcer les stéréotypes négatifs sur l’incapacité supposée de l’Afrique à participer aux chaînes de valeur industrielles.
Mesures concrètes pour changer les mentalités et promouvoir le partenariat
Il est proposé que l’ensemble des associations de la diaspora africaine en Europe promeuvent l’image globale de l’Afrique auprès de l’Union européenne et de ses citoyens, et sollicitent des ministres de la coopération au développement la mise en œuvre de deux mesures pour changer les attitudes à l’égard de l’Afrique.
Exemple de la Belgique : une initiative pionnière
En Belgique
En 2026, le ministre belge des Affaires étrangères demande à ENABEL, l’agence nationale de développement, d’organiser et de financer deux actions de changement de mentalité en Belgique et en Afrique. En Belgique, dix des 1 500 employés d’ENABEL sont mobilisés pour organiser cent débats publics dans 85 villes et communes, sur les thèmes "L’Afrique n’est pas celle que vous croyez" et "L’Europe a besoin de l’Afrique plus que l’inverse". Ces événements sont soutenus par les agences régionales, des fédérations professionnelles, des syndicats, des associations d’entreprises et les unions de villes et communes.
Le public cible englobe citoyens, entrepreneurs, politiques, parents, étudiants, enseignants, syndicats et le monde académique. L’opération repose sur une réaffectation temporaire de personnel et la mise à disposition gratuite des salles par les collectivités, pour un coût quasi nul. Le résultat attendu est que 100 PME industrielles belges bien établies recherchent activement des partenariats mutuellement bénéfiques avec des PME africaines, sur la base de leurs propres ressources et sans subventions publiques, favorisant ainsi l’échange de savoir-faire avancé et de connaissance du marché africain.
Ce modèle est appelé à être reproduit ailleurs en Europe.
En Afrique: le cas du Sénégal
Au Sénégal, pays pilote, il est prévu de financer pendant douze mois une équipe de cinq jeunes diplômés en gestion et génie industriel. Leur mission sera d’analyser, par la recherche documentaire, les facteurs de réussite ou d’échec de certains pays en développement. Ces jeunes deviendront, dès 2026, les animateurs d’une campagne nationale sur le thème « Entrepreneur sénégalais, osez partager votre rêve avec un partenaire étranger ». L’objectif est de constituer une masse critique d’environ cent PME sénégalaises nouant des partenariats structurants avec des entreprises étrangères expérimentées dans les chaînes de valeur internationales. Le coût de cette opération serait très inférieur à celui des investissements publics de la Belgique dans les zones industrielles du Sénégal.
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06/12/2025 karel.uyttendaele{@}pandora.be
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