La transition énergétique, point de bascule de davantage de justice sociale dans le partenariat entre l'Afrique et l'Europe

Les défis des industries énergivores en Europe

Le potentiel d'énergie verte abondante en Afrique

Face à la hausse des coûts de l'énergie, à la régulation et à la concurrence mondiale, l'industrie européenne à forte consommation d'énergie est menacée de déclin. Deux articles de presse, l'un publié dans un quotidien belge et l'autre dans un journal de Hong Kong, stimulent l'exploration du potentiel d'un nouveau partenariat Afrique-Europe, prometteur et mutuellement bénéfique, motivé par la crise des industries énergivores en Europe et la disponibilité d'énergie verte en Afrique. Un partenariat Afrique-Europe avec davantage de justice sociale. Parallèlement, le rôle de la Chine dans l'accès aux terres rares et l'importance stratégique de l'Afrique sont mis en avant comme des éléments géopolitique clés.

Les défis des industries énergivores en Europe

Quel avenir pour la chimie anversoise?

 (l’éditorial du quotidien flamand "De Standaard", publié en français13/12/2025)

La chimie, "l’industrie des industries", a-t-elle encore sa place en Belgique?  (en néerlandais 13/12/2025)

La bataille mondiale pour les terres rares : le rôle de la Chine et l’enjeu africain

La Chine pourrait être mieux placée que les États-Unis dans la lutte pour les terres rares

La presse flamande, à travers l’éditorial du quotidien "De Standaard", s’interroge sur l’avenir de la chimie à Anvers et plus largement en Belgique. La chimie européenne est menacée par des prix de l’énergie élevés, des mesures climatiques contraignantes, des taxes sur les émissions, la bureaucratie et une régulation excessive. Malgré les subventions, l’assouplissement des règles climatiques ou la construction de nouvelles centrales nucléaires, l’industrie européenne à forte intensité énergétique semble condamnée à long terme. La tendance actuelle montre que les géants de la chimie préfèrent construire de nouvelles usines en Chine ou au Moyen-Orient, où les coûts énergétiques sont nettement inférieurs grâce à l’abondance de pétrole ou d’électricité verte produite à un cinquième du coût de l’électricité nucléaire. En Chine, par exemple, l’hydro-électricité « vraiment verte » provient de technologies éprouvées et recyclables, contrairement à l’énergie nucléaire, dont les coûts de démantèlement restent incalculables.

(South China Morning Post - Hong Kong, en anglais, 11/12/2025)

 

Le "South China Morning Post" souligne que certains dirigeants de pays détenteurs de « terres rares » souhaitent désormais que l’exploitation de ces ressources s’accompagne de leur transformation locale et de la création d’emplois formels.

 

Ce transfert de compétences pour le traitement local des matières premières stratégiques répond à des intérêts électoraux, tout en favorisant la croissance économique locale.

La jeunesse qualifiée d’Afrique subsaharienne face au chômage

En Afrique subsaharienne, malgré la présence d’une nouvelle classe moyenne instruite, nombre de jeunes diplômés (ingénieurs, économistes, agronomes, informaticiens) restent sans perspective professionnelle. Cette situation alimente la frustration, voire l’extrémisme, comme en témoigne l’exemple de jeunes agronomes nigériens tentés de rejoindre des groupes armés, faute de débouchés.

L’aspiration à un modèle de société européen

Malgré des ressentiments anti-occidentaux et anti-néocoloniaux, cette classe moyenne africaine continue de rêver d’un modèle de société fondé sur l’emploi formel, l’éducation, la protection sociale, la promotion sociale, la retraite, la paix et l’ouverture au monde, à l’image de l’Europe.

Sénégal : l’exemple d’une transition politique portée par la jeunesse instruite       

Au Sénégal, en 2024, une classe moyenne instruite a favorisé l’alternance politique, menant à l’élection d’un duo président-premier ministre jeunes et ouverts au dialogue.

En août 2025, à Paris, devant le patronat français, malgré un climat anti-français à Dakar, le nouveau président a sollicité un transfert de compétences productives, soulignant la nécessité de partenariats économiques innovants axés sur la formation et le développement industriel, plutôt que de se contenter d'extraire des matières premières.

Le cas de la République Démocratique du Congo : potentiel et opportunités

Le Congo, bien que faiblement industrialisé, doit chaque année intégrer un million de jeunes sur le marché du travail. Doté de ressources naturelles stratégiques, d’un potentiel agricole unique et d’une énergie verte abondante, le pays représente une opportunité majeure pour des partenariats industriels. La Chine a récemment initié un vaste projet hydroélectrique au Tibet, se retirant simultanément du projet GRAND INGA en RDC. Ce contexte ouvre la voie à une proposition européenne : un partenariat public-privé de 100 milliards d’euros pour réaliser le projet hydroélectrique GRAND INGA de 44 GW, équivalant à la capacité de 35 réacteurs nucléaires modernes.

Parier sur le développement : une stratégie pour l’avenir

Dans son ouvrage PARIER SUR LE DEVELOPPEMENT - Pourquoi certains pays gagnent et d’autres perdent" le professeur d'Oxford Derkon, un Belge, conclut que dans les pays en développement qui réussissent, les élites passent de la protection de leurs propres positions à parier sur un avenir basé sur une croissance inclusive grâce à l'industrialisation productive de leur pays. Inspiré par Derkon il est suggéré d’inciter une centaine de PME industrielles belges à nouer des partenariats avec des entreprises congolaises, soutenues par une énergie renouvelable abondante. Cette dynamique pourrait conduire à l’industrialisation du Congo, à la création de centaines de milliers d’emplois et à l’émergence d’un nouveau marché pour les produits manufacturés belges, alors que la RDC ne représente actuellement qu’une part négligeable des exportations belges.

Un pari gagnant pour les élites congolaises

Si les élites politiques congolaises misent sur la création massive d’emplois décents par le développement de partenariats industriels avec les PME européennes et par la mise en œuvre du projet GRAND INGA, elles pourraient non seulement être réélues démocratiquement, mais aussi contribuer à la paix sur l’ensemble du territoire.

Changer les mentalités européennes et africaines

La plupart des pays subsahariens disposent d’une classe moyenne instruite, de ressources naturelles et d’énergies renouvelables, mais peinent à tirer parti de ces atouts car l’Afrique reste perçue comme un simple réservoir de matières premières. Il est donc recommandé :

  • Que les gouvernements européens évaluent quelles industries sont réellement nécessaires et viables en Europe ;
  • Que les diasporas africaines en Europe promeuvent leur continent auprès des institutions européennes et de la société civile ;
  • Que l’Europe organise un changement de mentalité, pour faire évoluer la perception de l’Afrique et reconnaître que l’Europe a besoin de l’Afrique plus, que l’inverse.

L’objectif serait de stimuler la création de 1 000 partenariats PME entre l’Union africaine et l’Union européenne, moteurs de l’industrialisation africaine et d’une dynamique bénéfique à l’échelle planétaire.

En pratique : une double approche pour la RDC

 

Il est proposé de tester, avec la plus haute priorité, la réaction de l’élite politique congolaise à une stratégie reposant sur deux axes :

 

  • La création de 500 partenariats industriels entre PME européennes et congolaises ;
  • Le transfert, à terme, des industries énergivores européennes vers la région du GRAND INGA, avec accès à un port en eaux profondes sur l’Atlantique, dans le cadre de l’UE Global Gateway.

 

Cette approche serait sans coût pour le contribuable européen.

Conclusion : une opportunité unique pour l’Europe et l’Afrique

La coopération industrielle intensifiée avec l’Afrique offre à l’Europe une chance unique de revitaliser son économie et de renforcer sa position géopolitique. Le métissage des procédés et technologies industriels entre les deux continents, malgré leurs différences mais à courte distance culturelle, encourage la sérendipité, l'innovation et l'émergence fortuite de nouveaux produits et services utiles à l'échelle internationale. « Relier les points » entre l’Afrique et l’Europe ouvre la voie à avenir prospère pour les deux continents, le point de bascule de davantage de justice sociale entre l'Afrique et l'Europe, à condition d’adopter une nouvelle manière de penser et de bâtir un partenariat véritablement égalitaire.

 

15/12/2025 karel.uyttendaele { @ } pandora.be

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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